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Il est sept heures trente...

Mon réveil sonne, il est sept heures.

Mes yeux s’ouvrent, je me retrouve la, dans ce lit. Je respire. Ce matin est un matin comme un autre.

Le soleil se cache derrière les nuages, la pluie tombe sur la route déjà trempée, le bruit des goutes sur la fenêtre, le corps bien au chaud dans les draps qui l’enveloppent.

Sans efforts, je me redresse sur mon lit, pas le temps ni l’envie d’y rester face à la Vie qui m’attend.

Qui m’attend ce matin? Personne… Qu’ai-je prévu ce matin? Rien…

L’espace est là, pour aller où je veux, être qui je suis, pour laisser vivre ce qui est à vivre en cet instant précis.

Eau fraiche sur le visage, mains humides sur la serviette chaude, mouvements du corps engourdi par le travail manuel, grand verre d’eau…

Quelques minutes plus tard, je me retrouves à pédaler dans les rues arrosées et encore endormies de cette ville que j’apprécie tant.

Il est sept heures trente.

Aujourd’hui, cela fait trente ans que je suis là, sur cette Terre.

Je m’arrête et rentre dans ce café où je viens petit déjeuner aux petites heures depuis quelques mois. « Bonjour » « Salam Aleikum » « bonjour cousin », une main sur le coeur, un regard échangé… Tous ces hommes, à cette heure-ci de la journée. Quelle ambiance.

Certains sont assis, seuls, face à un grand verre de thé bien chaud. Le regard encore un peu endormi. Ils sont là.

D’autres, en pleine conversation de mots et de gestes, animent cet espace plein de vie.

C’est dans ce bain de Vie et de fraternité que j’écris ces quelques lignes.

Il y a en moi une profonde envie de remercier la Vie pour ce qui est vécu. Des larmes de joie me montent aux yeux alors que l’esprit voit tout ce qui a été traversé jusqu’à présent.

Tous ces moments de joie, de solitude, de doutes, de partage, de travail,…

Ils m’ont amené à être qui je suis…

Toutes ces émotions qui me traversent, tempêtes et silences désertiques.

Ils ne sont que de passage…

Toutes ces femmes et hommes qui partagent mon quotidien et avec qui j’apprends à vivre, à communiquer.

Ils m’apprennent tant…

Toutes ces rencontres quotidiennes, ces mots échangés avec un inconnu, ces regards qui disent beaucoup.

Ils me nourrissent…

Cela fait trente ans que je suis la. Ce n’est rien, à l’échelle de l’humanité. C’est tout, à l’échelle de cet instant.

Instant que je tâche de vivre du mieux que je peux. Que j’essaie de vivre en homme bon, dans la simplicité et la présence à Soi, à l’Autre et à ce qui m’entoure. Pas facile, de s’appliquer à quelque chose qui ne m’a jamais été appris, que seul moi suis amené à apprendre, de part moi-même, en regardant ce qu'il se passe en moi. L’apprentissage, d’une beauté sans nom, est long et difficile. Il est la Vie.

Alors je regarde autour de moi. Nous tous, endormis ou réveillés, conscients ou avec une conscience voilée dans les nuages, vivons la vie. Êtres humains, connus ou inconnus, amis ou étrangers, peu m’importe. Tous ont un regard, une présence, une vie qu’ils tachent de vivre du mieux qu’ils peuvent. Tous, nous sommes là. Ensemble, nous créons le monde que nous laisserons à ceux qui naissent aujourd'hui. Toi et moi en faisons partie. Prenons en grand soin...

Chacun des êtres humains qui apparait sur mon chemin m’apprend à vivre en m'amenant à regarder, à écouter, à polir mes angles pour élargir mon esprit. Pas facile… Peut-être même la chose la plus difficile à faire: apprendre à écouter pleinement pour essayer de comprendre sans juger, arriver à regarder sans vouloir autre chose, à voir ce qui est. Qu’est ce que cela fait du bien d’y arriver. Cela allège, cela ouvre un espace inconnu et laisse de la place à l’autre pour s’exprimer, pour être qui il est.

Ce matin, je voyage. Harsha hamlou parsemé d’amandes, café noir…

Un homme assis à coté de moi boit la dernière goute de son café après avoir étalé soigneusement quelques photos sur la table. Le Maroc, probablement. Il les regarde avec attention.

A la table d’à coté, un homme vêtu de vert et d’orange fluo. Un balayeur de la ville, probablement. Il s’apprête à manger son petit déjeuner. Je le regarde, il regarde son pain et remercie la Vie: « Bismillah ». Il lève le regard et voit que je le regarde. Il m’offre la moitié de son pain. La main sur le coeur, je le remercie et lui dis que j’ai déjà déjeuné.

Souvenirs de la maison pour l’un, partage de son repas pour l’autre. Waw, je suis ici et voila que cet homme m’apprend le partage avec un inconnu. Cela m’inspire et me réchauffe le coeur.

Ecouter, regarder, partager, ressentir… Tant de choses qui ne m’ont pas été apprises et qu’aujourd’hui, je suis amené à apprendre pour devenir un homme bon pour soi, pour l’autre. Le reste? Peu m’importe… Tout en découlera. Ce que je deviendrai, comment cela se déroulera, c’est l’écoute de soi et le ressenti qui me guideront.

A toi de réaliser ce qui se cache au plus profond de toi. A toi de te libérer de tes peurs pour vivre pleinement, pour exploser dans l’action afin de vivre ce qui doit être vécu. Voila ce que je te souhaite, voila ce que je souhaite à chacun en cette belle journée pluvieuse.

La Vie me gâte alors que je n’avais rien prévu ce matin.

Coeur chaud, goutes d’eau froide sur le visage. Je suis à nouveau sur mon vélo, en train de pédaler à l’air libre.

Je respire, je suis la. On est la.

Vive la vie, vive toi!

Avec toute mon amitié, Tim, Timo, Timour, Timothée,... Comme tu veux...


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