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Arriver ici grâce à toi, grâce à vous!

Ecrit il y a quelques jours, ce petit texte que j'ai envie de partager avec vous raconte mon arrivée au Golfe Persique. Ce moment où je prends conscience que je suis arrivé jusqu'ici! Ce moment où je suis seul et une envie profonde me traverse, partager ce moment!

"Arrivé ce matin à Bandar Abbas, je ne peux pédaler plus loin! Je pourrais, mais au risque de mettre ma vie en péril une fois au Pakistan. Vu que j'y tiens, à ma vie, et bien je m'arrête ici. Oui, c'est ici que s'arrête ma route pour le moment. Maintenant, je vais prendre le large, poser mon regard sur cette mer, la contempler jusqu’à voir la côté indienne.

A mon arrivée, je suis préoccupé par la suite. Et après, où je vais ? Quel bateau prendre ? Comment arriverais-je en Inde ? Je veux savoir. Mon mental me jouait un beau tour sur ce coup là! Je n'avais même pas pris conscience de tout ce chemin parcouru que me voilà déjà en train de penser à la suite. Alors je me rends au port et tourne dans tous les sens. Je demande à chaque personne. « Excusez moi, quel bateau part pour l’Inde ? » « Le Yemen? Non merci même si j’aimerais bien. » « L’Inde. Là-bas ? Super, merci ! » Je file, je me rends vers ceux qui partent plus loin, ceux qui vont là où je vais. Comme une balle de pingpong, je vais et viens d’une personne à l’autre.

Pas de bateau direct vers l’Inde. Le prochain bateau qui part d’ici ne part pas avant lundi. On est jeudi et tout l’Iran est en fête pendant deux jours. Ils commémorent le martyr Imam Hossein. Ce sont les règles du jeu, alors j’accepte, les observe et vais frapper avec eux, ma main sur le cœur.

Je me réveille de ma sieste, un sentiment étrange me parcourt. Quelque chose doit sortir, je sens qu'il se passe quelque chose en moi. Comme s’il y avait soudain cette prise de conscience de ce que je venais de réaliser.

J'ai besoin de marcher, de sentir que je suis là, présent. Je sors, je marche, pleinement conscient que je suis ici, là et maintenant. Mes mains derrière la tête, les coudes en l’air, les larmes coulent. Oui, je suis bel et bien là où je voulais arriver! 5 mois et une vingtaine de jours.

De la forêt de Soignes au Golfe Persique! Quelle belle énergie, celle-là même qui m’a amené à pédaler jusqu'ici !

J'ai le cœur qui se serre, la gorge qui se noue. Un passant me regarde, voit mes larmes et fuit mon regard. Je continue à le regarder, sans honte aucune de mes larmes.

Aujourd'hui, les Iraniens pleurent Imam Hossein. Moi je pleure ma propre personne, mon être! Non de tristesse mais de joie partagée avec moi-même, d'une immense admiration et d'un profond respect de ce chemin parcouru.

Alors je continue à marcher, vers la mer pour sentir le cœur de la terre qui bat son plein. Je m'assieds en toute légèreté sur les rochers, les vagues frappent la digue, le vent souffle. Quelle force, quelle puissance !

J'y suis!

Quelle dure épreuve de ne pas partager cela! D'être seul, ici, loin de tous ceux que j'aime, de chaque personne qui compte pour moi.

Mon regard se pose sur la mer agitée, je le lève et regarde la lune. Cette lune que presque chaque soir j'ai regardée et contemplée avant de me glisser dans ma tente. Je suis en admiration par cet univers qui est! Quelle perfection, quelle beauté, quelle chance d'avoir reçu ce cadeau de la vie! Cette lune, pleine, ronde et blanche est mon contact avec vous, elle est là, je la vois, vous la voyez. Ensemble, nous la regardons, ensemble nous sommes sur cette terre.

Si j’ai réussi à venir à vélo ici, c’est que tout compte fait, je ne suis pas très loin de vous.

Grâce à chacun de vous, grâce à toi, j'y suis arrivé. Alors je rends grâce et continue à regarder la lune.

Merci, à chacun, de m'avoir amené à être qui je suis aujourd'hui!"

Timothée

Voici deux petites photos d'un moment fort de mon voyage! Avant mon arrivée à Isfahan!

Incroyable quand même de se dire que ce chemin m'a amené où je suis aujourd'hui.


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