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Guel! Cay! Un, deux, trois, quatre,... encore un?

Le chemin avance, la route offre des paysages nouveaux, du cinq étoiles, l’œil s’émerveille.

L’Orient se faire sentir, l’hospitalité est nouvelle. Frère ou étranger, je ne sais plus trop. Hospitalité simple, chaleureuse et (trop?) généreuse. Ici, à l’Est, on veut que tu sois bien, on prend soin de toi et on t’accueille comme un membre de la famille. L'hospitalité fait du bien et permet souvent de se reposer, car oui, la fatigue que mon corps accumule commence à se battre contre cette énergie qui me pousse à avancer chaque jour.

Mes batteries tiennent grâce aux à l’énergie puisée dans ces paysages, dans chaque regard échangé, dans une discussion partagée,… Et puis arrivent les chaleurs assommantes, les insolations en Anatolie (sans doute pour me rappeler de prendre soin de mon corps), les ennuis techniques… Mais les ressources sont là, quelques jours de repos et c’est reparti. A la recherche de cette joie partagée, des anecdotes en tout genre, des rencontres qui font le voyage.

Un mois et demi. 2500 km pour rejoindre Edirne à Erevan. Passage dans la partie européenne de Turquie, pause dans un village de pécheurs sur la Mer Noir, traversée des plateaux d’Anatolie, en chemin sur la route de la Soie, pause dans un Caravansérail pour ressentir la présence des voyageurs de l’époque, à la recherche des villes de l’ancien royaume d’Arménie, remontée vers la Mer Noir, arrivée à la frontière avec la Géorgie, voilà en quelques étapes la Turquie que j’ai vécu pendant un mois.

2000 km en Turquie et combien de cays? 400, sans doute, voir même 500. Un cay, deux cays, trois, quatre,… dix, encore un? “Non merci, là je dois (?) avancer.” Difficile de résister à la tentation de prendre le temps de discuter avec un homme qui vous accueille comme un frère et qui veut prendre le temps de partager un moment. Je dis l’homme, car j’ai personnellement trouvé que la place de la femme en Turquie avait quelque chose de gênant, me mettant parfois mal à l’aise. Je ne veux pas généraliser car j'ai rencontré des femmes libres et émancipées mais cela m'a plus marqué qu'en Chine ou d'autres endroits par lesquels je suis passé auparavant. Dans les campagnes, les rues sont peuplées d’hommes attablés buvant le cay. Mais où sont les femmes ? J’ai l’impression d’être retourné dans le temps. Ils ont encore du pain sur la planche pour que la femme puisse s’émanciper et qu’elle ait les mêmes droits que les hommes.

Ecrire sur un mois et demi de voyage et prendre le temps de trouver les mots qui décrivent la chose vécue, plutôt difficile. Quels sont les mots qui peuvent bien décrire tout ce qui se passe à l’intérieur, tout ce qui est vu, vécu et senti. Alors voilà quelques photos pour vous donner une petite saveur de ce qu’a été ma route pendant ce mois et demi.

Super pause dans le village Kurde de Yenice en plein milieu de l’Anatolie. Cay’s, mariage kurde, danses traditionnelles, encore un cay, temps de réflexion dans la mosquée...

Ali, cet homme débordant d'énergie nous a accueilli dans sa maison alors que je ne me sentais vraiment pas bien à quelques kilomètres du village de Bölükören. Une bonne nuit de sommeil, pas de répit pour moi. Ali nous emmène dans une ville romaine souterraine à 2km de son village. Armés de lampes, difficile de le suivre dans les couloirs, on s'enfonce dans la ville souterraine. "Euh, on est perdu là!" C'est bon, il connait la sortie. Passionné par les découvertes qu'il a fait en labourant ses champs. Ceinturons romains, bagues,... il nous montre toutes ses pièces avec fierté et passion.​

Les plateaux d’Anatolie, à la fois magnifiques, doux et tellement rudes pour le corps. Fin de journée, mon ombre est devant moi. C'est bon je vais toujours vers l'Est, c'est la bonne direction! ​

Dans certains villages, les hommes passent leur journée à boire le cay. Aucune contrainte apparemment. Si ce n’est qu’il faut passer de l’autre coté de la rue à 17h quand le soleil tourne et que l’ombre de ce coté de la rue devient trop petite. Alors, tous en même temps, ils se lèvent et traversent pour rejoindre l’autre coté de la rue et retrouver l’ombre tellement précieuse ici. ​

"Bonsoir, est-ce qu'il y a un petit marché dans le village?"

"Non, non, pas besoin, venez diner chez moi" répond l'Imam du village.

Ce temps était aussi un temps de partage. Après avoir passé un peu plus de deux mois seul, la visite de mes deux compagnons de route m’a fait beaucoup de bien. D’abord Hadrien en Turquie, puis Sevan sur la route de Trabzon à Erevan. Quel plaisir de pouvoir partager sa route avec deux bons amis. Le voyage à deux était difficile au début, car après avoir voyagé à vélo seul pendant deux mois, on a bien le temps d’adopter son propre rythme et ses habitudes. J’avais, je crois, oublié ce que c’était de faire des compromis. Rapidement, ma faculté d’adaptation me permet de réaccorder les violons et le voyage à deux devient un plaisir.

Ma route avance, les mêmes questions reviennent encore et encore. Normal je crois quand on se lance dans une aventure avec tellement peu de repères. Mais qu’est-ce que tu fais ici? Pourquoi t’es en train de pédaler? Quel est le sens de tout ça? Quand les doutes apparaissent dans mon esprit, je regarde autour de moi, je contemple et j'ai la réponse à mes questions. Oui, c'est pour cela que je le fais.

Attends, attends, c’était moi dans la forêt de Soignes il y a 4 mois sur le même vélo à donner exactement les mêmes coups de pédales? Oui, ça à l’air d’être moi, enfin je crois. Allé, je continue!

Je pense à chacun de vous! Merci encore de tout cœur à ceux qui m’ont soutenu d’une quelconque manière, ils se reconnaitront certainement! Je vous remercie de tout mon cœur!

Timour (à la turque)


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